La réussite réside dans la préparation
« La période vraiment difficile dans une saison, c’est Janvier-Février. C’est l’hiver, il fait froid, la nuit arrive vite, et les entraînements sont particulièrement longs et intenses ».

Ces mots sont ceux de Florian Coiffard, nageur dans le groupe « Sprint » de la Team Elite du club des Dauphins du TOEC. Et ils illustrent de manière plutôt éclairante la non-linéarité d’une saison d’entraînement en natation.
Le sport à haut niveau est un univers qui laisse très peu de place au hasard. Et la natation ne fait pas exception. Elle est même très exigeante quant à sa préparation si on aspire à évoluer dans les compétitions les plus prestigieuses de cette discipline. En effet, l’exigence d’être en pleine possession de ses moyens à un moment précis et sur une durée très courte est l’essence même de cette préparation.
Ainsi, s’impose dans le milieu, ce que l’on appelle la planification. Elle est très souvent liée à une périodicité annuelle dépendant des calendriers sportifs: à savoir, en général, un championnat national par an (en grand bassin) qualificatif pour une échéance planétaire (Championnats du monde ou Jeux Olympiques) ou continentale (Championnats d’Europe, Jeux Asiatiques, etc), une fois par an également.
La planification se doit donc d’être très exigeante dans son élaboration. En premier lieu, elle est conçue par rapport aux échéances importantes de la saison, c’est-à-dire pour le très haut niveau, celles dont on a parlé précédemment. Mais c’est évidemment, transposable à une échelle moindre pour les championnats régionaux ou nationaux d’années d’âge par exemple.
Pour revenir aux groupes « Elite », il s’agit donc des championnats de France, à Strasbourg en mai prochain et des différentes compétitions internationales. On compte ainsi les Championnats du Monde, les Universiades (Championnats du monde universitaires), les Championnats du monde Junior, les Championnats d’Europe Junior, Le Festival Olympique de la Jeunesse Européenne et la Coupe de la COMEN.
Au regard de ces événements, la saison se découpe donc en trois grandes parties :
de septembre à décembre : période préparatoire avec comme indicateur de forme les Championnats de France en petit bassin (fin novembre) et un meeting en grand bassin (approximativement mi-décembre).
de janvier jusqu’aux Championnats de France Nationale 1 (fin mai cette année) : période de développement et de travail jusqu’à la préparation terminale quelques semaines avant les championnats de France.
des championnats de France jusqu’aux échéances internationales ou nationales d’été : période de transition et de récupération pour tirer le meilleur du travail de l’année et affiner les derniers détails techniques.
Il s’agit donc d’être régulier au cours de la saison.

La période de développement tient une place prépondérante dans la progression des nageurs. « Au cours de cette période on augmente à la fois le kilométrage et l’intensité » nous explique Walter Monberge, en charge avec Philippe Miomandre du groupe Elite .« Les deux variables fonctionnent de pair. On travaille plus par rapport à un coefficient de charge, c’est à dire le couple kilométrage-intensité, plutôt qu’uniquement sur une des valeurs. Je peux très bien avoir une semaine à 70 kilomètres par semaine moins dure physiquement qu’une semaine à 50 kilomètres. Ca dépend vraiment de ce que je vais mettre dedans » affirme-t-il.
Ensuite, intervient la préparation terminale pendant laquelle on réduit cette charge. « L’idée, c’est de créer des surcompensations. On travaille beaucoup pendant une période, ainsi quand on relâche, et que l’on a de la fraicheur, on est meilleur qu’auparavant et on le sens grâce à la baisse d’intensité de l’entraînement ». Mais avant d’en arriver là, il faut réussir à tenir le coup pendant la période de travail. Walter Monberge confirme: « c’est la période la plus difficile, physiquement et psychologiquement. On doit faire face aux blessures physiques souvent causées par la fatigue, à la baisse de motivation quelque fois. C’est pour ça que j’essaie de les emmener en stage en fin de cycle à chaque fois, pour les rebooster un peu ».
Une stratégie qui s’avère payante si l’on en croit Florian Coiffard : « Le fait de partir dans un cadre différent, ça aide vraiment à faire passer les moments durs. Pour ma part, quand on est en stage, je suis assez focalisé. C’est souvent là où je vais faire les meilleurs entraînements de l’année. En plus on n'a aucune tâche quotidienne comme le repas ou la vaisselle à faire. On n’a pas à suivre les cours à côté. C’est un gain de temps énorme. On peut prendre le temps de s’étirer et de bien faire les choses ».

De retour de Tenerife, entraîneurs et nageurs semblent satisfaits du travail effectué. Dès aujourd’hui, les nageurs toulousains essaieront de tirer profit de ce stage lors du Meeting de la Méditerranée à Marseille, compétition lors de laquelle une vingtaine de nageurs défendront les couleurs vertes et blanches.
Puis, ils auront droit à une semaine de repos avant d’entamer le dernier cycle d’entraînement intense précédant les championnats de France. « C’est une période un peu particulière car on se rapproche de l’événement majeur de l’année. C’est dur de continuer à mobiliser les nageurs car ils ont tendance à lever le pied pour retrouver de la confiance. Mais avec les années, j’ai appris à le gérer » confie W. Monberge. « Je commence à avoir du recul sur ma planification. On n’a jamais l’assurance que ça va fonctionner mais j’ai confiance en ce programme et dans la capacité de mes nageurs à en tirer tous les bénéfices ».
Même son de cloche du côté de Florian qui conclut plein d’entrain : « Je n’ai aucun doute sur la pertinence de cette planification. Il nous l’a d’ailleurs très bien explicité en début d’année. Il ne nous reste qu’à gérer le mieux possible notre approche de la compétition et je suis certain que la performance sera au bout ».